LES JARDINS SECRETS LA GENÈSE
juin 2022
LES JARDINS SECRETS DE CAHORS 1
La Génèse
Au départ de cette aventure,
nous avons une ville médiévale de province au riche passé,
aujourd’hui endormie : Cahors.
Importante place financière au 12ème,13ème et 14ème siècle,
Cahors est située sur un axe économique
entre Aquitaine et Méditerranée,
étape, sur la route des épices
et sur le principal chemin de Saint Jacques de Compostelle
la « Via Podiensis »,
la cité était, au Moyen Age,
une des plus importantes villes du sud de la France.
La richesse et la splendeur de cette cité,
se remarque au détour de chaque ruelles
à travers les riches palais cossus,
ou à travers les larges arcades à boutiques
de son important secteur sauvegardé,
Le prestige de la ville va encore s’accroître
avec la nomination comme Pape à Avignon,
du Cadurcien Jean
A la famille Duèze,
Cahors doit la création d’une université
une des premières et des plus importantes du monde médiéval
attirant des étudiants de toutes la France.
On y enseignait la théologie, le droit, la médecine et les arts.
A l’époque le pouvoir de l’église
et notamment de l’évêque gouvernait la cité au coté du Consul.
15 églises, 9 chapelles, 18 couvents d’hommes,
10 de femmes, 11 hôpitaux, 3 léproseries ;
Bénédictins, Bénédictines, Cordeliers, Jacobins, Templiers,
Augustins, Augustines, Chartreux, Ursulines, Clarisses,
Dames Blanches, Carmélites, Chevaliers de St Jean, Capucins …..
Tous les ordres religieux se devaient d’être présent à Cahors.
Mais le dynamisme commercial de Cahors
attirait également les banquiers Lombard
et autres préteurs et usuriers.
Le terme Caorsin désignait d’ailleurs
de manière péjorative les personnes pratiquant l’usure.
Leurs réputations détestables
s’étendaient au de las des frontières,
à travers toutes les grandes villes et toutes les cours d’Europe.
Dante place les Caorsins
en enfer au coté des gens de Sodome,
Boccace dans son ouvrage « La Divine Comédie »
explique que les habitants de Cahors
jeunes et vieux s’adonnent à l’usure.
A l’époque 3 monnaies avaient cours en ville,
dont l’une, celle de l’évêque, frappée en ville.
Cahors exportait déjà son vin mais aussi sa laine
vers l’Angleterre par le Lot navigable.
Grandeur & décadence.
Loin des axes de développement,
Cahors s’est endormie
à la suite de la guerre de 100 ans et de la grande Peste
, et n’a pas su saisir sa chance,
sa population après avoir longtemps stagnée
remonte .doucement,
son université est partie vers Toulouse,
même son riche passé est aujourd’hui oublié de tous.
Qui sait qu’au Moyen age ? :
Impasse Séguier on frappait monnaie.
Que les rues Fondues hautes et basses
correspondaient à l’emplacement d’anciennes fonderies.
Que l’empereur Charlemagne a offert
à la Cathédrale St Etienne
la Sainte Coiffe du Christ qui s’y trouve encore.
Que Sully ministre d’Henry IV,
fut blessé à la cuisse par une pierre jetée d’une fenêtre
place du Change aujourd’hui place de la Libération …..
Alors comment réveiller la belle endormie ?
Comment rappeler son riche passé ?
C’est à ces questions
mais aussi à d’autres que nous avons essayé de répondre
en créant les « Jardins secrets »
produit touristique,
véritable parcours initiatique de découverte de la ville
et de son histoire à travers des jardins.
La gestation de ces jardins a été longue, au départ il y avait un défi :
lancé par le Député Maire de l'époque Bernard Charles:
" Patrick trouve un moyen de bloquer les touristes sur Cahors"
Comment piéger le touriste
qui après avoir admirer le Pont Valentré,
partait inexorablement vers Saint Cirq Lapopie ou Rocamadour sans visiter la ville ?
Comment l’intéresser ?
Alors que l’offre touristique est déjà large et variée.
Et comment motiver les Cadurciens
à redécouvrir et aimer leur ville ?
"Le premier touriste d’une ville est sans aucun doute son habitant".
L’idée du tourisme végétal,
si présent en Dordogne toute proche,
s’est rapidement imposée,
mais à la différence de la plus part des autres jardins,
ici c’est une collectivité qui développera l’offre
et proposera non pas un jardin
mais un circuit de jardins à travers la ville,
une première en France .
Il a fallu ensuite convaincre les élus de la municipalité,
qui entre temps avait changé,
du bien fondé de notre projet
et de l’intérêt économique, touristique,
et historique d’une telle aventure.
ce qu'ils ont parfaitement compris
Michel Roumegoux et Marc Lecuru
les nouveaux maires successifs
ont parfaitement adheré au projet qu'ils ont défendu et encouragé
Notre seconde chance
a été une rencontre ou plutôt deux rencontres ;
une femme tout d’abord,
Laure Courget conservatrice du patrimoine,
connaissant parfaitement l’histoire de la ville
et un homme clé ,
Eric Radovitch architecte des Bâtiments de France,
qui ont tout de suite compris le sens notre démarche
et sans qui rien n’aurait été possible.
Il y eu ensuite une importante phase de recherches historiques
afin de comprendre la ville dans son ensemble,
son histoire, son architecture, ses rues, ruelles,
ses bâtiments , ses ordres , ses hommes,
au fond ancien d’abord , véritable joyau,
puis aux archives départementales, et aux archives diocésaines .
La troisième phase a été de recenser
tous les emplacements disponibles publics ou privés :
places, placettes, cours, jardins…
et de les associer en fonction de
leur histoire et de leur situation à des thèmes de jardins
ou d’aménagements permettant de raconter l’histoire de la ville.
Site du futur jardin de la "Sorcière et du Dragon"
Ilot Fouihalc
Vint enfin le temps de la création.
Toute la difficulté a été de créer une ambiance,
une évocation du passé historique
sans tomber ni dans la caricature ni dans le parc de loisir.
Il fallait trouver l’accroche, le détail, l’anecdote ou la petite histoire
permettant de développer et d’illustrer un nouveau jardin.
Jardin Mauresque 1ère année
Une fois créés,
les jardins ne doivent pas se figer en jardins musées.
Il faut chaque année rechercher une nouvelle approche
dans le respect du cahier des charges.
Les premiers jardins créés ont été ceux
du domaine cathédrale en 2001,
dessinés conjointement avec l’ABF
(Architecte des Bâtiments de France),
qui s’est pris au jeu,
ils représentent un potager
ainsi qu'un jardin de plantes médicinales.
Préau céleste en cours de création.
Tous les jardins ont été pensés et réalisés
par le service Jardins de la Ville,
avec l’aide des meilleurs vanniers de France.
Le Jardin du Passeur,
le plus grand des jardins secrets (près d'un hectare)
a été confié, à l'issue d’un concours,
à Bruno Marmirolli et Patrick Genty de l’agence Atelier.
Ils ont réalisé un jardin contemporain d'inspiration médiéval
où les matériaux (bois, métal) occupent une place importante.
Au total près de 30 jardins,
répartis sur l’ensemble du secteur sauvegardé,
forment un circuit de découverte,
immergeant ainsi le promeneur dans un voyage
à travers les « très riches heures du Cahors médiéval ».
Ces jardins se divisent en trois catégories :
Les jardins historiques,
dont la forme, la conception, le choix des plantes
font directement référence au Capitulaire de villis,
Les jardins d’ambiances,
qui restituent simplement une atmosphère
(jardin de la Sorcière, jardin mauresque..).
Les ponctuations
qui relient les jardins entre eux
afin de créer une continuation dans le circuit.
Place des Epices
Le concept de jardins secrets s’est exporté.
Plusieurs jardins ont été réalisés ces dernières années,
l'un à Troyes,
dans le cadre du musée de l’outil
des Compagnons du Tour de France,
L'autre éphémère dans le domaine du Louvre,
au jardin des Tuileries à Paris.
Le troisième jardin a pris racine à Bitche, en Moselle
, dans le cadre d'un échange avec les jardiniers de cette ville ;
il se compose de trois chambres de verdure,
l'hortus ou potager, le jardin de Marie et le jardin bouquetier.
et toujours le clous symbolique !
et aujourd'hui ?
Les municipalités se suivent mais ne se ressemble pas
Les priorités d'hier ne sont plus les mêmes aujourd'hui...
Certains jardins ont été supprimés pour différentes raisons ...
Il n'en reste qu'une vingtaine...
D'autres simplifiés pour des raisons d'entretiens,
saules tressés arrachés, faute d'entretien
haies arrachées remplacées par des ganivelles de chataigniers
sol coulé en résine ...
Jardin donné aux riverains ou fermé "privatisé là aussi par les riverains
Equipe spécifique supprimée...
Petit rappel
La commande initiale, était d'étendre les jardins de la Barbacane au Lot
sur l'ensemble du secteur sauvegardé ,
pourtant ils sont toujours bloqués depuis plus de 10 ans
au niveau de la rue Clémenceau
et ce malgré les travaux de réhabilitation de la rue et place Lastié...
Lieux magique chargé d'histoire...
Certes un petit jardin alibi a été crée sur cette place...
Aujourd’hui, les Jardins existants semblent au point mort,
figés dans le temps.
Bien entretenus,
ils leurs manquent pourtant ce petit rien,
cette petite étincelle qui fait la différence.
Presses
Brochures
Livre
Néanmoins le concept a été repris avec succés par d'autres...
A l'image de Cahors autrefois,
la ville de Troyes est en train de développé un circuit
de jardins autour du Moyen Age
Date de dernière mise à jour : 2022-06-29
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