SECRETS DE JARDINS

4- LE CHANGEMENT C'EST MAINTENANT

 

JARDINER C'ETAIT MIEUX AVANT ...?

                         4

                  AOUT 2025

 

 

Georges seurat le jardinierGeorges Serat " Le jardinier"

 

 

 

Evolution du monde horticole :

 

 

Parallèlement à l’évolution des services espaces verts dans les collectivités,

le monde de l’horticulture et des jardins a lui aussi connu une importante métamorphose,

passée bien souvent inaperçue, autant physique qu’idéologique, 

et ce n’est qu'un commencement avec l’augmentation du dérèglement climatique,

à laquelle s’ajoute les nouvelles réglementations phytosanitaires,

qui au fil des gouvernements succéssifs évoluent dans un sens ou dans un autre,

trop souvent avec une arrière pensée électorale...  

 

 

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Plus évident le rôle esthétique,

offrant beauté, découverte et enchantement avec:

La création du premier festival des Jardins de Chaumont sur Loire,

l’évolution du fleurissement, la redécouverte de la palette végétale,

la multiplication des manifestations autour des jardins

(journées des plantes, visites de jardins…).

 

 

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Festival des Jardins de Chaumont sur Loire :

 

 

Qui aurait pensé en 1992,

lors de la création du premier Festival des Jardins de Chaumont sur Loire,

que cette manifestation, unique à l’époque,

allait considérablement modifier le petit monde de l’horticulture,

et inspirer de très nombreuses festivals à travers le monde.

Créé à la demande de Jack Lang, alors Maire de Blois et ministre de la Culture,

dans le parc des écuries du Château de Chaumont sur Loire,

propriété du Centre des Monuments historiques,

imaginée par Jean Paul Pigeat, (conseiller pour les jardins au ministère),

et dessiné par le célèbre paysagiste belge Jacques Wirtz (1924- 2018),

cet évènement a très vite redynamisé l’art des jardins.

 

 

Photo

 

Pourtant à l’époque,

cette idée de festival des jardins est considérée par la profession comme une hérésie,

"le Jardin ne peut être éphémère, ne peut pas, et ne doit pas se prêter à une telle démonstration".

les même grattent aujourd'hui aux portes du festival, pour être jury ou avoir un jardin...

 

Aujourd’hui chaque nouveau thème suscite des centaines de propositions.

Les jardins du Festival accueillent

jardiniers, concepteurs, architectes, paysagistes, artistes du monde entier,

rejoints par des invités « cartes vertes » invitations données à des « créateurs, des paysagistes...,

artistes qui se partagent les trente parcelles d’environ deux cents mètres carrés.

 

En quelques années le Festival est devenu La Référence !

Un lieu incontournable, une pépinière de talents,

un foisonnement d’idées, de découvertes, d’imaginations

et de tendances qui ont essaimer des villes aux villages,

qui sont rappelons-le la vitrine de l’horticulture d’aujourd’hui.

Complément direct du Festival des Jardins.

 

 

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Le Centre de Formation, dont j'ai la chance et l’honneur de faire partie,

met en place des formations qui associent innovations et exigences pédagogiques.

Ces formations s’appuient sur des réalisations modèles et novatrices

et, en premier lieu, sur celles du Festival International des Jardins.

Le centre de formation répond aux demandes spécifiques :

Les collectivités et groupements qui le souhaitent peuvent faire appel à ses services.

 

 

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2007, la Région Centre devient propriétaire de Chaumont

qui devient Domaine Régional de Chaumont sur Loire

Chantal Colleu-Dumond, ancienne conseiller culturelle auprès de l’ambassade de France à Berlin,

dirige depuis le Domaine Régional de Chaumont Sur Loire

qui réunit trois entités composantes d’un projet unique mêlant art contemporain, art des jardins et patrimoine.

Sous son impulsion l’art contemporain entre par la grande porte à Chaumont sur Loire,

artistes de renommée internationale, plasticiens et photographes, fleuristes,

sont invités à venir créer sur le thème de la nature

dans le parc du château, dessiné par Achille Duchêne, mais aussi dans le château,

un des plus beaux et des plus meublés des châteaux de la Loire,

ou au sein des écuries et des bâtiments de la ferme.

 

 

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Et l’aventure continue…

 

2012 le nouveau Parc des Prés du Goualoup,

dessiné par Louis Benech, accueille sur 10 hectares des jardins pérennes

liés aux grandes civilisations du jardin.

 

 

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2012, toujours création d’un nouveau cycle de formations

autour des jardins de soins et de santé à destination des personnels soignants, des hôpitaux, EHPAD…

avec la création d’un atelier- jardin de démonstrations au sein du parc du château.

 

 

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2022 l’ancienne ferme Queneau,

ex-propriété du prince et de la princesse de Broglie

accueille un hôtel restaurant de charme de 39 chambres intégré au site.

 

2023, pour aller plus loin encore,

le Domaine de Chaumont sur Loire, a imaginé des rencontres :

Les « Conversations sous l’arbre »

séminaires résidentiels de deux jours où le public peut rencontrer écouter,

discuter avec des invités d’exceptions, personnalités de la culture, des arts, des sciences,

artistes, philosophes, paysagistes, scientifiques…

 

 

Avec comme premiers slogans:

« Venez nous piquer nos idées »,

Les retombés du festival dans la vie courante et dans les collectivités sont multiples et variés.

Le festival a libéré l’imagination des jardiniers…

 

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Grace au Festival, des nombreux talents ont émergé : 

Les paysagistes Éric Ossart et d’Arnaud Maurières,

Patrick Blanc botaniste créateur du premier mur végétal à Chaumont sur Loire…

 

 

 

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Quant aux idées, aux délires…

on les retrouve aujourd’hui dans tous les fleurissements de villes et même chez les particuliers :

 

Découverte d’une nouvelle palette végétale,

Redécouverte des plantes vivaces et graminées,

Mélange des genres annuelles, vivaces, légumes, arbustes, sauvageonnes… dans une même composition,

Création de fleurissement thématiques,

Redécouverte des tressages saules tressés,

Utilisation de minéraux,

Redécouverte des paillages,

Accessoirisation des massifs,

Création de jardins éphémères, 

Création d’un mur végétal,

Et tout dernièrement redécouverte des oyas

utilisés maintenant par de nombreuses municipalités et particuliers.

 

 

Aujourd’hui le domaine de Chaumont est un produit touristique de premier ordre,

classé 3 étoiles sur le guide vert Michelin, qui ne cesse d’évoluer et de surprendre.

Les expositions d’art contemporain d’une très grande richesse, ont trouvé leur public.

 

 

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Le Festival attire toujours autant de visiteurs sur des thèmes pas toujours évident comme:

 

« Biomimétisme au jardin » en 2021,

« Jardin idéal » en 2022,

« résilience au jardin » en 2023 ,

« Jardins source de vie » en 2024,

Il était une fois au jardin en 2025 

 

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Aujourd'hui le Festival à plus de 30 ans…

et reste un rendez-vous essentiel et incontournable pour tous les jardiniers amateurs

ou professionnels et pour les amoureux d’art contemporain.

 

 

 

 

Label

 

Le CNVVF

Le Conseil National des Villes et Villages fleuris,

Créé en 1959 est un organisme qui labélise les villes et villages.

 

Jusqu’à ces dernières années les critères se basaient surtout sur la fleur,

la fleur et surtout les fleurs,

on regardait bien le cadre végétal les entrées de villes ou villages,

les arbres et arbustes, il y avait même un prix spécial « arbres »,

mais le jury s’intéressait surtout au fleurissement

c’était l’époque de la « Fleur au kilo ».

A l’époque le simple fait de déverser des tonnes de fleurs

suffisait à rendre une ville fleurie,

et dommage, si les harmonies de couleurs n’étaient pas au top,

si les contenants étaient hétéroclites et injustifiés,

s’il n’y avait pas de diversité végétale, si les plantes vivaces étaient absentes,

et si la biodiversité n’était qu’un mot en l’air…

ça plaisait aux élus qui voulaient tous leurs panneaux,

donc pas de problème…. Ça ronronnait doucement

Cette époque est aujourd’hui révolue, enfin je l’espère...

 

Néanmoins, Il a fallu attendre les années 2000

pour qu’un nouveau Président, inspecteur général du tourisme,

nommé par la Ministre du Tourisme,

décide de dépoussiérer la « vieille dame ».

Cette nomination intervient au moment où un vent de renouveau,

d’audace et de liberté s’échappe du Festival des Jardins de Chaumont sur Loire.

Sous son trop court mandat,

des villes passent d’une à quatre fleurs,

d’autres qui vivotaient tranquillement sont bousculées et doivent évoluées,

le règne des jardinières hors sol est fortement compromis,

la diversité végétale est encouragée.

Malheureusement son franc parler et ses actions ont bousculé l’ordre établis

et mécontentent fortement certains élus qui ne comprennent pas cette évolution trop rapide pour eux,

qui bouleverse leurs habitudes...,

Il est très vite remplacé par un fonctionnaire fonctionnant,

et tout rentra dans l’ordre…comme avant.

 

 

2013, le CNVVF, se dote, enfin, d’une grille d’évaluation commune à tous,

et édite un guide à l’usage des membres, afin d’harmoniser les décisions

des différents jurys départementaux, régionaux, nationaux, qui n’existait pas….

Fait important,

la valorisation du concours et des réalisations de la collectivité,

les animations et la promotion de la démarche, la gestion environnementale,

la qualité de l’espaces public, et la gestion des sites doivent être pris en compte

au même titre que le patrimoine végétal et le fleurissement.

changement de logo, renouvellement d’une partie des jurys,

et surtout nouvelle accroche le concours devient:

« label national de la qualité de vie ».

 

 

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Longtemps seul, le label des villes et villages fleuris est aujourd’hui en compétions

avec d’autres, plus faciles à obtenir, gratuit, parfois juste sur dossier…

La montée en puissance des labels « développement durable ».

« Terre saine » « Commune nature », objectif 0 phyto » …

avec des logos différents suivant les régions (papillons, libellules, grenouilles).

Tous ces labels régionaux ont des acteurs en communs :  

Les Agences régionales de l’eau et la FREDEC ou FREDON suivant les territoires,

qui finiront bien par s’unir un jour, pour créer un label national avec un panneau unique.

(Je parie sur les libellules) ;

Petit rappel la participation à ces concours est gratuit,

sur dossiers photos, donc plus facile à obtenir,

de plus les élus seront peut-être plus sensibles ou électoralement plus intéressés par un panneaux

« ville durable » que par un panneau « villes et villages fleuris »,

même si le sous-titre de ce panneau est « Label national de qualité de vie ».

 

 

Quelques collectivités n’arrivant pas à passer le cap de la 3ème fleur,

ou n’acceptant pas les remarques du jury quittent le concours, d’autres y reviennent.

Dans certains départements comme le Lot,

le concours n’est même plus représenté

et les villes et villages qui veulent y participer doivent s’adresser à la région.

 

En revanche depuis quelques années,

il y a des désistements plus politiques, plus idéologiques,

les nouveaux élus étant moins sensibles au fleurissement tout en étant plus verts…,

sans compter sur l’arrivé de nouvelle majorité, revancharde, 

reniant les réalisations et les succès de la précédente municipalité,

moins « petites fleurs », plus populaires, voire populistes mais surtout plus « communicantes » … ».

 

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Cependant le CNVVF est, et reste une institution,

un label reconnu aux bases solides

qui prend en compte des défis d’aujourd’hui et de demain

comme le réchauffement climatique, les économies d’eau, les énergies nouvelles,

l’abandon des produits phytosanitaires,  la sauvegarde de la biodiversité,

la propreté de l’espace public et du mobilier urbain,

la qualité de l’aménagement urbain, la place de l’arbre en ville,

l’utilisation d’une nouvelle palette végétale,

mais aussi la participation des habitants , les animations et évènements liés à la nature …

Bref le label « Villes et villages fleuris »

offre à la municipalité qui veut s’en saisir une multitude de champs d’actions

en lien avec l’environnement et la qualité de vie.

 

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2022, nouvelle étude Ipsos,

afin de mesurer l’attachement au label « villes et villages fleuris »

et son impact au quotidien à la suite de l’évolution de son identité visuelle.

Cette étude confirme la notoriété du label,

connu par 90% des français au même niveau que « Les Plus Beaux Villages de France »,

l’évolution des critères est parfaitement intégrée pour l’ensemble des personnes interrogées.

 

 

 

Le CNVVF devra néanmoins relever de grands défis de ces prochaines années :

La prise en compte du changement climatique qui va invariablement modifier le fleurissement,

la manière de travailler et la physionomie des villes et villages français.

 

Changement de directions et d’orientations de nombreux services espaces verts à travers la France.

Mettre en adéquation le règlements et la réalité du terrain, notamment avec le palmarès,

(sur le fleurissement hors-sol, de très nombreuses communes « fleur d’or ou 4 fleurs

faute de pouvoir planter en pleine terre 

ont un nombre très important de fleurissement hors-sol, bacs, jardinières...

en contradiction avec le règlement).

 

Limiter le nombre de prix afin de leurs redonner de la valeur.

Actuellement il y a beaucoup trop de prix de « consolations » ou Prix nationaux 17 en 2023 !

3 Prix de « stratégie d’aménagement paysager »,

3 Prix pour « l’action éducative et pédagogiques »,

2 Prix pour « la diversité végétale » ....

 

Choisir entre l’être ou paraitre !

Pour beaucoup de communes le paraitre est plus important ou plus électorale

(certaines communes touristiques labélisées de la Côte d’Azur, ont trouvé LA solution,

à l’image de ce qui se fait déjà aux Etats Unis où sur certains stades de foot français :

Peindre sa pelouse desséchée tous les trois mois, avec une peinture

« 100% bio » composée de 90% d’eau et de pigments d’algues,

ou utilisent du gazon synthétique, sans entretien, sans eau et sans vie,  

pour le plaisir des yeux de ses habitants).


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Le CNVVF devra muscler sa communication,

s’associer à des manifestations horticoles, aller au-devant des collectivités,

et surtout des élus, participer à des conférences et colloques à travers le territoire ,

établir des partenariats avec d’autres entités reconnues

comme certains parcs ou festival des jardins comme Chaumont sur Loire

ou avec la « SNHF » Société National d’Horticulture de France »

comme c’est le cas en Grande Bretagne où l’association « Britain in Bloom »

est soutenue par la « RHS, Royal Horticultural Society »,

mais aussi travailler et échanger avec  des associations patrimoniales style

« Les Plus Beaux Villages de France » ou « Les Plus Beaux Détours de France »,

s’il veut assurer son leadership.

 

 

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Le Jardin en mouvement de Gilles Clément :

Crée et mis en œuvre, par le paysagiste Gilles Clément,

le concept du « Jardin en mouvement », pourrait se résumer en un mot « Liberté ».

Initié dans son propre jardin en Creuse,

puis mis en œuvre en 1992, au Parc André Citroën de Paris,

 

 

 

 

ce type de jardin est selon les mots de Gilles Clément

« un état d’esprit qui conduit le jardinier à observer plus et à jardiner moins ».

Il s’inspire de la friche que l’on pourrait qualifié d’apprivoisée,

terrain laissé libre, sans entretien, limitant l’eau et les intrants,

rapidement colonisé par des espèces végétales pouvant se développer librement sans contrainte.

Selon Gilles Clément:

« le jardinier devient alors spectateur le dessin du jardin, change au fil du temps,

il dépend de celui qui l’entretient, il ne résulte pas d’une conception d’atelier sur les tables à dessin ».

Pour Louisa Jones:,

Canadienne anglophone, auteure, spécialiste des jardins méditerranéens.,

le Jardin en mouvement s’inscrit dans le projet défendu par Gilles Clément, d’Ecologie humaniste.

Le concept proposé par Gilles Clément reprend en partie d’anciennes théories élaborées au siècle dernier.

En 1870, William Robinson, célèbre jardinier du XIXe siècle,

contremaitre au Regent’s Park de Londres, préconise dans « The Wild Garden »

de « Laisser la nature s’épanouir plutôt que de la contraindre,

de cultiver avec la nature, de ne pas la dompter,

de ne pas lui imposer les lois et règles d’esthétique géométriques ».

Gilles Clément a également repris un des principes

d’un des « pères » de la permaculture Bill Mollison qui préconisait dans les années 1970

« de travailler avec la nature plutôt que contre elle ».

On retrouve aujourd’hui le « jardin en mouvement » dans certaines applications de la gestion différenciée.

Cette nouvelle conception du jardinage a ouvert les esprits et modifier mentalités.

« Oui ! une mauvaise herbe » n’est pas mauvaise et peut être belle !

De cette première démarche, une idée, un manifeste, une charte a jaillit le Tiers paysage,

qui selon les mots de son initiateur est :

« Constitué de l’ensemble des lieux délaissés par l’homme.

« Tiers paysage » renvoie à Tiers état et non à Tiers monde,

espace s’exprimant ni le pouvoir, ni la soumission au pouvoir. »

"Ces marges assemblent une diversité biologique qui n’est pas à ce jour répertoriée comme richesse. »").

(“Cours 8 - Tiers Paysage Flashcards by Arnaud Belzile | Brainscape”) (“biodiversité URBAINE -

École d'architecture | Université Laval (“Une logique de l'entre-deux | DDA Bretagne”)

 

 

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Mauvaises herbes ou herbes folles ?

 

Pourquoi un tel revirement ?

Une mauvaise herbe c’est quoi ?

 

Selon la définition du Petit Larousse :

« Une mauvaise herbe est une plante nuisible aux cultures ».

 

Selon Wikipédia :

« Les mauvaises herbes, sont des adventices, considérées comme nuisibles

qui poussent dans un endroit sans y être désirées. »

 

 

Cette deuxième définition correspond un peu plus à la réalité selon moi,

surtout la deuxième partie de la phrase « Plante qui pousse dans un endroit sans y être désirées ».

 

Depuis quelques années ces « mauvaises herbes » retrouvent un peu de leur splendeur.

On les redécouvre, on les accepte, on les cueille, les mange, les utilise à nouveau,

certains vont même jusqu’à en semer et a en intégrer dans leurs compositions

 

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La problématique des bonnes et des mauvaises plantes est apparue quand l’homme est devenu agriculteur.

De très nombreux textes attestent de ce combat entre l’homme et la nature :

La parabole du bon grain et de l’ivraie dans l’Evangile de Mathieu,

L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert en 1757…

 

 

Néanmoins à la fin du XIIIe siècle l’Empereur Charlemagne

promulgue le « Capitulare de Villis vel curtis imperii »,

acte impérial, ordonnant la culture de plantes (87 à 100 suivant les éditions)

dans tous les jardins de l’Empire, pour se nourrir, se soigner, se vêtir, et même travailler.

 

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Au Moyen Âge on recommandait donc leur culture…

Hildegarde de Bingen, moniale naturaliste allemande figure de la médecine monastique, docteur de l’église

et le religieux bénédictin, botaniste et poète Walafried Strabon, de l’Abbaye de Reichenau au bord du Lac de Constance

dans leurs correspondances et leurs écrits listent, incitent et préconisent leurs cultures et utilisations.

 

Une bonne partie de ces plantes seraient définies aujourd’hui sous le vocable de « mauvaises herbes ».

 

Les pratiques horticoles favorisaient également,

la propagation des mauvaises herbes par l’utilisation parfois abusives de fumier chargé de graines,

dans les cultures mais aussi en ville où jusqu’au 1800ème siècle,

des habitants faisaient épandre du fumier devant leur façade

pour atténuer le bruit des carrosses et autres charrettes,

transformant les rues par temps de pluie en véritable cloaque.

 

Les année 1800 sous l’impulsion de Napoléon III,

le Baron Haussmann reconstruit l’espaces urbain parisien,

conformément aux normes hygiénistes,

redessinant des rues bordées de trottoirs plantés d’arbres d’alignement,

démolissant des quartiers insalubres, créant un réseau d’égouts,

peu à peu les immeubles reçoivent l’eau courante, puis le gaz,

construction de bain douches, de vespasiennes,

en 1883 Eugène Poubelle met en place des récipients munis de couvercles pour récupérer les déchets.

 

Parallèlement la ville se verdit,

en 1854 création du service « des promenades et embellissement de Paris »

confié par le Baron Haussmann, à Adolph Alphand

qui aidé de Jean Pierre Barillet-Deschamps, met en œuvre la révolution verte parisienne :

Square, jardins, parcs et bois sont créés dans chaque quartier

offrant espaces et air pur pour le corps et l’esprit,

exemple suivi très vite par les principales villes de France.

 

Très vite les herbes qui poussaient sur les nouveaux trottoirs

sont apparues comme indésirables, et sales,

il fallait donc les éradiquer par tous les moyens.   

 

Ce siècle a donc engendré, au nom de l’hygiénisme et du propre,

de très nombreux aménagement qui ont transformer le paysage urbain et le quotidien des habitants.

 

Petit à petit l’idée que les « herbes folles » sont sales entre dans la tête des gens,

et deviennent ainsi des « herbes mauvaises ».

 

 

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Hier encore, et peut être même aujourd’hui…

certaines personnes préfèrent avoir  des sols gorgés de désherbant

pour annihiler le moindre brin d’herbe, plutôt que voir un pied de plantain, ou de mourons des oiseaux,

pourtant nombre de ces « mauvaises herbes » étaient utilisées,

il n’y a pas si longtemps pour se nourrir (plantain, orties…)

pour se soigner (orties, consoude, chélidoine, remède le plus efficace contre les verrues…)

pour se vêtir (orties, chanvre, lin, Clématis..) ,

pour désinfecter son intérieur (Sauge, graines de fenouil…).

 

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La Gestion différenciée :

Apparue en France dans les années 1990,

et vulgarisée lors de grands séminaires organisés par le CNFPT,

la gestion différenciée, appelée également « gestion raisonnée, gestion écologique » …,

nous vient en vérité du nord de l’Europe Allemagne, Pays-Bas…

Son principe est simple :

Hiérarchiser l’entretien des espaces verts au sein d’une commune ou même d’un parc ou jardin.

Cette méthode consiste, à ne pas entretenir les espaces verts ou une partie d’un jardin avec le même soin,

avec la même périodicité que d’autres,

à adapter la végétation en fonction du choix d’entretien,

à remonter les hauteurs de coupe des tondeuses,

à « mulcher » plutôt que ramasser,

à limiter la taille des arbustes,

à broyer les déchets et les laisser sur place,

à limiter voire abandonner le désherbage par endroit …

Bref à faire le contraire de ce que nous avions appris dans les écoles d’horticulture…

Mal compris et mal accepté par une partie des jardiniers,

pour qui certaines pratiques n’étaient pas « conforme » à l’esprit et à l’éthique du métier.

Toutes ces mesures ont pour but de limiter l’intervention humaine,

donc faire plus avec moins…

pour des raisons économiques et écologiques.

Malheureusement ce type de gestion ne s’improvise pas

et l’on voit souvent faute de suivi, ou de formation,

un entretien plus proche d’une « gestion abandonnée »

Aujourd’hui la majeure partie des collectivités,

du petit village à la grande métropole,

ont toutes adopté avec plus ou moins de succès la gestion différenciée,

bien souvent, plus pour des raisons de sous-effectif que pour des raisons écologiques.

Ces dernières années, l’épidémie du covid et les confinements successifs ont mis le pays à l’arrêt.

La nature a repris ses droits,

la faune sauvage s’est aventurée en ville,

les espaces verts, parcs, jardins, mais aussi giratoires, ilots, bas-côtés…

régulièrement tondus ont été laissés tranquilles durant de longues semaines.

Certaines communes ont profité de l’occasion pour réaliser un inventaire

et ont découvert des espèces qu’elles n’avaient jamais vu à cet endroit,

tout simplement parce qu’elles n’ont pas été décapitées par une tondeuse,

avant même d’avoir donné des fleurs, des fruits et des graines.

Selon une étude de la Sorbonne, publiée le 2 juin 2020 intitulée :

« Covid-19. Quel impact du confinement sur la biodiversité ;

« Le confinement aura permis de sensibiliser la population à l'intérêt de biodiversité,

qui a pu voir les espaces publics enherbés

et se rendre compte que, même si on ne tond pas,

il est agréable de voir ces fleurs sauvages au printemps pousser sur les talus. ».

Le confinement et l’absence de tonte aura également été bénéfique

à la biodiversité et a permis la prolifération d’insectes nourriture potentielles des oiseaux.

Cette parenthèse n’a été que de trop courte durée,

pour la plus part des communes tout à recommencer comme avant,

néanmoins quelques collectivités ont modifié leurs modes de gestion.

 

 

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L’éco-pâturage :

Depuis quelques années,

avant même le « covid » de nombreuses municipalités, quelques hôpitaux et même des bailleurs sociaux

ont découvert ou redécouvert l’entretien naturel des espaces verts par des animaux en pâture :

L’éco-pâturage.

Moutons, ânes, vaches, chèvres, poneys, chevaux, et même lamas ou alpagas…,

offrent une méthode alternative aux tondeuses, débrousailleuses et autres produits phytosanitaires.

L’éco-pâturage présente de très nombreux avantages :

Plus écologique, plus respectueux de l’environnement, plus silencieux,

il permet de limiter l’embroussaillement,

d’éliminer les espèces envahissantes même sur des sites difficiles d’accès,

de réduire les déchets verts tout en contribuant à la fertilisation naturelle des sites,

plus économique générant en outre des économies de carburants et de main d’œuvre.

De plus les animaux permettent de créer un lien social

entre les humains (adultes, enfants, patients...) et les animaux

à travers de nombreuses animations à destination des écoles et des centres aérés

autour de la biodiversité, mais aussi de la biologie de l’animal.

 

 

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Plans « Ecophyto » 

Lancé en 2009 à la suite du Grenelle de l’Environnement, ces directives visaient :

à réduire l’usage des pesticides en France,

à accompagner l’arrêt du glyphosate

et à rendre l’agriculture moins dépendantes aux produits phytopharmaceutiques.

Les différents plans « Ecophyto I », réactualisé une première fois en 2015 sous le nom de « Ecophyto II »,

puis à nouveau en 2018 toujours sous la dénomination « Ecophyto II + »,

le nouveau plan, « Ecophyto 2030 ou Ecophyto III »,

qui était initialement prévue en février 2024, a été « suspendu » avec la révolte paysanne, 

avant de réapparaitre en mai 2024 dans une version plus édulcorée pour répondre aux attentes de la profession.

Malgré l’adoption de la loi « Labbé » en 2014,

les quantités de produits utilisés ne cesse d’augmenter,

malgrès  les différentes interdictions d’utilisation

notamment pour les collectivités locales et les particuliers,

alors qu’il ne reste comme utilisateur que monde agricole,

d’où la création d’une nouvelle mouture du plan « Ecophyto »

avec un nouveau barème d’évaluation ...

Ce nouveau plan devait offrir plus d’innovation, plus d’anticipation,

et surtout plus d’accompagnement en renforçant les moyens alloués à la recherche de solutions alternatives,

afin de préserver l’environnement et la biodiversité

(70 à 80% des insectes ont disparus du paysage européen,

1/3 des populations d’oiseaux ont disparu dans nos campagnes en 15 ans,

conséquence des effets néfastes de l’agriculture intensive.

Toujours est-il que la Commission européenne a renouvelé pour dix ans

l’autorisation de mise sur le marché du glyphosate,

malgré les différentes études et condamnations aux états Unis …

 

 

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Loi « Labbé » :

Un peu d’histoire :

Dans les années 1950, au lendemain de la seconde guerre mondiale,

l’agriculture française va se moderniser grâce au plan Marshall,

programme de reconstruction européenne mis en place par les Américains.

La France fonde alors son modèle agricole sur la mécanisation avec l’envoie des premiers tracteurs

et surtout sur l’utilisation massive de la chimie   et des produits phytosanitaire,

ce qui est toujours le cas aujourd’hui,

devenant le premier ou le second consommateur européen suivant les années

et l’un des principaux consommateurs mondiaux

et ce malgré les interdictions, DDT en 1972 ou atrazine en 2003

dont on trouve encore des traces dans notre environnement.

Les nombreuses campagnes du gouvernement afin de réduire cette dépendance sont restées sans effet,

entre 2008 et 2014, au nom de la compétitivité européenne,

la quantité de substances actives répandues sur les cultures a augmenté de 26,7%.

Ah, merveilleuse époque, où aucun produit n’était dangereux…

les EPI, équipements de protection individuel étaient optionnel,

d’ailleurs je n’en ai pas souvenir…

La chimie avait réponse à tout :

Débroussaillant, désherbant, désherbants total, désherbants sélectifs,

il y avait même un désherbant sélectif pour massifs à fleurs,

antigerminatif, 

réducteur de croissance pour les haies ou la pelouse,

fongicides, insecticides, nématicides …

et plein d’autre chose en cides…

Dans les années 1990,

j’ai vu de mes yeux, un commercial d’une grande coopérative du Sud-Ouest

prétendre que son désherbant à base de glyphosate,

n’était pas dangereux

et pour le prouver en boire une dose diluée dans un verre d’eau…

affligeant non !

 

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Loi 2014 110 dite Loi Labbé

Patatras ! , alors que tout allait bien pour nos « gentils » chimistes,

le Journal Officiel de la République publie le 6 février 2014 une loi intitulée 2014 110

dite Loi Labbé du nom de son inspirateur,

qui interdit l’utilisation des produits phytopharmaceutiques sur l’ensemble du territoire excepté en agriculture.

 

Cette loi s’est mise en place progressivement:

 

1 janvier 2017, 

l’Etat, les collectivités, et les établissements publics

ont interdiction d’utiliser ou de faire utiliser des pesticides

pour effectuer l’entretien des espaces verts, promenades, forets,

accessibles ou ouvert au public et relevant de leur domaine public ou privé

 

1 janvier 2019,

la vente en libre-service des pesticides chimiques de synthèse n’est plus autorisée.

les particuliers aussi sont concernés par cette loi.

 

1 juillet 2022,

les cimetières, colombariums et les espaces sportifs rentrent dans le cadre de la Loi Labbé

 

1 juillet 2022,

l’interdiction d’utilisation des produits phytopharmaceutiques

est interdite pour les propriétés privées à usage d’habitation,

y compris leurs espaces extérieurs et leurs espaces d’agrément,

tout comme pour les établissements recevant du public

hôtels, résidence hôtelière, camping, auberges de jeunesse…

La SNCF, plus gros utilisateur de glyphosate sur le territoire français

a annoncé son remplacement en 2022, par un produit biocontrôle composé d’acide pélargonique.

Concrètement aujourd’hui cette loi a engendré de très nombreux changements

dans notre manière de gérer nos espaces verts.

Les collectivités avaient pris l’habitude d’utiliser les désherbants chimiques

considéré comme la panacée à tort et à travers

et ce malgré la loi de 2006 dite loi sur l’eau.

Depuis l’application de la loi Labbé

l’écosystème urbain se porte mieux, c’est le seul à progresser.

Outre le désherbage des trottoirs la véritable problématique est l’entretien des cimetières.

 

 

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Les Cimetières :

Les cimetières ont évolués au fil du temps.

Autrefois situé aux abords des églises,

les cimetières ont été déplacés aux extérieurs du centre-ville

à la suite de l’apparition des grandes épidémies de peste et de choléra,

libérant ainsi un espace au cœur de la cité

que l’on retrouve aujourd’hui transformé en place public et ou en parking.

L’hygiénisme du second empire les rend très minéraux

laissant peu de place au végétal et à la flore spontanée,

pratique qui a perdurée jusqu’à ses dernières années.

Les cimetières sont l’un des points d’entretiens les plus sensibles d’une commune,

de nombreuses municipalités n’ont pas encore pris la mesure de l’ampleur du travail

à accomplir d’autant plus qu’à cette loi, s’ajoute bien souvent un problème d’effectif.

Pourtant des solutions existent certaines collectivités ont déjà pris les devants,

et choisies la facilité en les minéralisant à outrance.

D’autres communes petites ou grandes

comme Nantes avec son cimetière arborétum, Tours avec ses cimetières jardins

mais aussi des petits villages comme Saint Bonnet les Tours de Merle en Corrèze, 53 habitants,

trophée Biosphère homme nature 2016,

ont opté pour une solution plus simple et plus naturelle :

Semer et planter plutôt que désherber et surtout communiquer…

 

 

 

 

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2025 loi Duplomb 

Juillet 2025, nouveau renoncement !

Adoption sans débat démocratique, d'une loi présentée par le sénateur Laurent Duplomb,

à la demande du monde agricole, et avec une arrière pensée électorale

"visant à la lever des contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur"

permettant entre autre,

la réintroduction d'un néonicotinoïdes "Acétamipride",

interdit en france depuis 2018, mais toujours autorisé en Europe. 

 

En un mois une petition déposée sur le site de l'Assemblée Nationale

rassemble plus de 2 millions de signatures ,

 prises de positions hostiles de: l'ordre des médecins, la Ligue contre le concer, grands chefs cuisiniers

et de nombreuses personalités,

 

dont Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique,

"Ça tue les pollinisateurs, c'est un perturbateur endocrinien,

un neurotoxique du développement et on peut le retrouver dans l'eau potable",

a-t-elle rappelé dimanche sur franceinfo.

 

Delphine Batho, députée écologiste, a considéré sur BFMTV

que le texte représentait un "danger pour la santé publique", 

 

 

Selon une étude japonaise réalisée en 2019,  

les néonicotinoïdes, et notamment l'acétamipride,

sont capables de passer la barrière du placenta

et donc d'atteindre le neurodéveloppement de l'enfant dans le ventre de sa mère.

 

"Certains naissent avec une taille insuffisante,

d'autres avec une anencéphalie,

soit le manque d'une partie de cerveau". 

expose Jean-Marc Bonmatin.

 

Une étude américaine de 2017

démontre que l'exposition aux néonicotinoïdes

a des conséquences sur le quotient intellectuel des enfants. "

 

 

Ces analyses scientifiques montrent également

un risque de développer un spectre autistique

chez des enfants qui ont été exposés à ces produits phytosanitaires in utero.

Chez les adultes, de récentes études ont établi des liens entre exposition

à des néonicotinoïdes et maladies cardio-métaboliques, diabètes gestationnels

chez la femme enceinte ou encore cancers du foie.

 

"les néonicotinoïdes peuvent avoir des effets néfastes sur la santé humaine,

en particulier sur le développement du cerveau".

Pour les chercheurs interrogés par franceinfo,

il est donc démontré que des effets concrets existent sur la santé des humains.

 

 

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le 07 juillet 2025, le Conseil Constitutionnel 

censure, partiellement la "loi Duplomb", en interdisant la réintroduction de l'acétamipride ,

contraire à la Chartre de l'environnement;

mais valide les autres aspects de la loi, 

notamment l'exstension des méga-bassines et des élevages intensifs .

 

Mauvais pour la planête...

 

Le sénateur Laurent Duplomb, de son coté, promet un nouveau projet de loi...

 

A suivre ... 

 

 

 

 

Date de dernière mise à jour : 2025-08-08

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