5-LES CONTRAINTES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Septembre 2025
5
JARDINER C'ETAIT MIEUX AVANT
Marie Rose Blattner
LES CONTRAINTES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE
Le Dérèglement climatique :
Le réchauffement Climatique ou plutôt le dérèglement climatique,
oblige les politiques, les décideurs et le monde horticole a des évolutions.
Malgré le déni et le climato-cynisme de quelque uns,
les faits sont là, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète.
L’année 2021 a même été la cinquième année la plus chaude
et "La saison juin-juillet-août 2023 a été de loin la plus chaude jamais enregistrée dans le monde,
avec une température moyenne mondiale de 16,77°C,
d’après l’agence « Copernicus », l’effondrement climatique est commencé
et 2023 et 2024 ont été les années les plus chaudes de l’histoire en attendant 2025...
Selon les experts du GIEC le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat
« un réchauffement global de la planète est en cours »,
et les chances de limiter la hausse des températures à 1.5 degrés
comme le prévoyait l’Accord de Paris à peu de possibilité de se réaliser.
D’ailleurs une étude parue en février 2024,
annonce que notre planète a déjà connu ces 12 derniers mois consécutifs
un réchauffement de plus de 1,5 degrés.
Aujourd’hui, les effets sont d’ores et déjà perceptibles au jardin :
Dans le sud-ouest les bouleaux « Bétula alba », sèchent de la tête et doivent être abattus,
d’ailleurs de nombreuses collectivités n’en plantent déja plus.
Il y a une trentaine d’année les « Lagerstroémias » arbre emblématique du Sud-Ouest
ne pouvaient être plantés au nord de la Loire,
ils ont d’ailleurs été plantés en bacs, lors de la création du Parc André Citroën à Paris en 1992.
Aujourd’hui on trouve des « Lagerstroémias » en pleine terre sur l’ensemble du territoire
et même chez nos voisins belges et Allemands.
Des températures supérieures à 25° ont été recensées en janvier 2024 à Perpignan
et plus de 30° à Barcelone en Espagne où la situation devient catastrophique.
Face à l’augmentation des températures
des collectivités imaginent les plantations d’arbres de demain,
Illkirch, dans la périphérie de Strasbourg a planté des arbres méditerranéens
« Micocouliers Celtis Australis, des chênes liège Quercus Suber, des pins de Corse Pinus Liracio,
Mélia Azedarach, des eucalyptus … pour étudier leurs comportements en Alsace.
Coté fleurissement,
de nombreuses communes de l’axe méditerranéens
ont abandonné les fleurissements classiques composés exclusivement de plantes annuelles
pour privilégier des plantes de terrain sec,
certes moins éclatantes d’un point de vue couleurs et attrait, quoique…,
mais résistantes au manque d’eau et aux températures élevées.
Durant les étés 2022 et 2023,
les arrêtés d’interdiction d’arrosage ont « fleuris » sur l’ensemble du territoire
et de très nombreuses municipalités ont dû arrêter
les arrosages des gazons, des plantations et du fleurissement mi-juillet.
Une grande majorité des villes ont tout arraché
à commencer par le fleurissement hors sol grand consommateur d’eau,
d’autres comme la ville de Saintes ont donné la possibilité à sa population de se servir dans les massifs,
ou de se confectionner des bouquets comme à Bordeaux.
Aujourd’hui il nous faut penser à un nouveau fleurissement,
à l’utilisation de nouvelles espèces résistantes aux changements climatiques
et à des températures plus élevées, mais aussi moins gourmandes en eau.
Il nous faut modifier toutes nos habitudes,
l’aspect de nos jardins, de nos villes et villages va en être modifié.
L’Arbre en ville aujourd’hui :
Elément important du paysage urbain,
l’arbre à de tous temps accompagné la vie des habitants des villes et des villages.
Il doit être aujourd’hui l’axe de développement et une des solutions au réchauffement climatique.
Symboles de vie, de renouveau, d’énergie spirituelle, de connaissance, de justice ou de paix ;
l’arbre a guidé l’homme au cours de son évolution,
il a trouvé en lui des ressources pour :
Se chauffer, se nourrir, se vêtir, se soigner, pour travailler la terre,
construire ses outils, sa maison, ses meubles, ses navires.
Le « Capitulaire de Villis » de Charlemagne incluait d’ailleurs de nombreux arbres.
D’après les botanistes on dénombre près de 73 000 espèces d’arbres dans le monde
dont 9 200 n’ayant pas encore été découvertes.
Mais l’humanité oublie encore trop souvent que l’arbre est vivant !
et qu’on doit le respecter.
Certains urbanistes, élus ou même particuliers le traitent trop souvent comme un accessoire,
qui, une fois planté l’arbre est intégré au décor,
ils l’oublient et l’assimilent à du mobilier urbain, type banc, candélabre,
et n’hésitent pas à le sacrifier facilement,
quitte à replanter une fois leurs projets ou plutôt leurs « œuvres » réalisés,
des arbres alibis véritable « coton tige »,
Dans une ville ou un village,
on trouve des arbres en accompagnement de voirie,
sur les trottoirs ou le long des voies, sur des places,
mais aussi dans les espaces verts, dans des parcs et jardins.
Malheureusement ces arbres sont encore trop souvent mutilés chaque année.
Un arbre s’il est bien choisi et placé au bon endroit,
ne demande pas ou peu d’élagage annuel,
je connais des collectivités importantes qui coupent chaque année leurs arbres
début septembre pour éviter de ramasser trop de feuilles à l’automne…
ou parce que la frondaison cache et gène la caméra de vidéo-surveillance.
Alors politique sécuritaire contre politique environnementale, électoralement choix est vite fait…
Pourtant les arbres captent certains polluant, stockent du carbone,
rafraichissent l’air ambiant, réduisent donc les îlots de chaleur,
produisent de l’oxygène, permettent de constituer des corridors verts pour favoriser la biodiversité…
Toutes ces qualités on les connaissait déjà
mais elles sont devenues essentielles dans la lutte contre le dérèglement climatique,
or il faut au minimum 15 année pour qu'un arbre commence à jouer son rôle de climatisseur,
15 années de soins et d'arrosages pour les 2 à 3 premières années .
Aujourd’hui, toutes les opérations d’urbanisme ou immobilières
mettent en avant leurs côtés « développement durable » espaces verts,
toiture végétalisées, potager urbain…pour séduire riverains et éventuels acheteurs.
Quoique… J’ai lu dernièrement dans la presse,
une présentation du village olympique aujourd'hui commercialisé
sorti de terre sur une friche de 52 ha en Seine Saint Denis,
et transformé en quartier d’habitation après les Jeux Olympique de 2024,
la représentante de « SOLIDEO » (Société de livraison des ouvrages olympiques)
annonçait fièrement la plantation de 8876 arbres et arbustes sur 52 ha …
soit 170 arbres et arbustes à l’hectare pas de quoi être fière !
L’arbre est donc devenu un outil électoral.
La course à l’échalotte est lancée …
Les municipalités de tous bords annoncent des chiffres d’intention de plantations d’arbres,
Il faut faire du chiffre !
Celle qui en plantera le plus sera la plus verte, la plus respectueuse de la nature…
et récupérera peut être le vote écolos.
170 000 arbres pour Paris intramuros et 1 million pour le Grand Paris
qui annonce 30 ha d’espaces verts en plus d’ici 2026,
dont 5 forets urbaines type « Miyawaki » ou mixte
(place de l’Hôtel de ville, Gare de Lyon, Place de la Bourse, rue Curial, Place du Colonel Fabien et place de Catalogne
les projets place de l’Opéra, Gare de Lyon ont disparu…)
plus une forêt circulaire de part et d’autre du périphérique,
ainsi qu’une densification et agrandissement des deux grands bois parisiens,
le bois de Boulogne et le bois de Vincennes.
Décembre 2023, création de la première forêt urbaine,
transformation de la Place de Catalogne
et du giratoire urbain, initialement occupée par la fontaine « Le Creuset du temps »
conçu par le sculpteur polonais Shamaï Haber,
en forêt urbaine de 4000 m² composée de 470 arbres dont 270 arbres grands et moyens
et 200 jeunes arbres de 2 à 4 ans, planté sur une surface totale de 12 400 m²,
dont 860 m² de clairière, lieu de détente, de jeux, engazonné agrémenté
de plantations de couvre-sol forestier et de fougères.
50% des plantations seront non ouvert pour protéger la végétation.
La place ne sera plus un giratoire mais un fer à cheval,
conformément au vœu émis par le conseil de quartier
et voté par la Mairie du 14e arrondissement en juin 2019.
Une baisse de 4° C est attendu. Un beau projet !
100 000 en 2030 pour Toulouse,
dont 20 000 plantés durant l’hiver 2023 / 2024…, un exploit !
1 million d’arbres sur tout le territoire pour Bordeaux et sa métropole de 2020 à 2026,
dont 20 000 d’ici 2025 pour résorber les îlots de chaleur
360 000 arbres pour Nice,
20 000 arbres pour Lille,
15 000 arbres pour le département de Val de Marne
50 000 arbres pour Nantes en six ans…
300 000 pour Lyon, dont 25 000 en quatre mois pour la saison hivernal 2022 - 2023,
26 forêts « Miyawaki » et 9 vergers, un par arrondissement…
Les pépinières françaises et européennes ont du mal à suivre.
Il serait intéressant, en fin de mandat début 2026, et avant les élections municipales,
de faire un parallèle entre les chiffres annoncés d’arbres plantés, les chiffres d’arbres vivants,
les surfaces végétalisées et le coût au mètre carré …
Qui fera mieux ? Faites vos jeux …
Mars 2022,
Election présidentielle, le candidat Emmanuel Macron propose dans son programme électoral,
de planter 140 millions d’arbres, soit 2 arbres par français avant la fin de la décennie.
28 octobre 2022,
Suite aux violents incendies qui ont ravagé 72 000 ha de forêt, durant l’été,
le président Emmanuel Macron promet de replanter un milliard d’arbres d’ici 2032,
afin de préserver la biodiversité et de fixer le carbone.
4 septembre 2023,
Le président Emmanuel Macron annonce que chaque élève de 6ème
plantera un arbre, où, quand, comment … ?
A suivre...
Planter c’est bien!
Mais où et comment ?
Le choix du site de plantation et de l'essence retenue est primordial,
c'est une évidence mais pas pour des politiques...
certains projets annoncés à grand renfort de communication
ont disparu du jour au lendemain en raison de contraintes "oubliées".
L'arbre doit pouvoir se developper en hauteur, mais aussi et surtout en profondeur.
La fosse de plantation doit être en moyenne de 20m3,
ce qui dans de trés nombreuses villes est impossible compte tenu des réseaux et autre aménagements:
(eau, gaz, électricité, fibre, chauffage urbain, parking, métro...).
Et qui va entretenir tous ces arbres demains ?
alors qu’une bonne partie des collectivités a déjà du mal à entretenir le patrimoine arboré existant…
Au même moment, dans le cadre du futur projet autoroutier Toulouse, Castres,
déclaré depuis illégale avant d'être à nouveau autorisé...,
des vieux arbres bicentenaires étaient abattus.
Certes la société autoroutière promet de les replanter,
même de les multiplier par 3 ou 5,
mais il faudra attendre 25 à 30 ans
avant que ces jeunes arbres soient aussi efficaces pour absorber le carbone
et ce à condition qu’ils vivent jusque-là …
Quand on sait que d’après le ministère de l’agriculture,
40% des arbres plantés en 2022 n’ont pas survécu en raison de la chaleur et de la sécheresse…
Février 2024,
la ville de Meaux abat les cerisiers à fleurs de la place Jacques Chirac, juste avant leur floraison,
contre l’avis de sa population pour aménager les abords de l’hôtel de ville :
N’importe quoi !
Février 2024,
le Président du Conseil Départemental de Haute Marne, Nicolas Lacroix,
décide d’abattre tous les arbres environ 4000, bordant les routes départementale pour des raisons de sécurité.
Bravo, lamentable !
Selon l’élu :
« les arbres constituent l’obstacle fixe qui entraîne le plus de décès sur les routes »,
« Des arbres entourés de couronnes de fleurs, je ne suis pas sûr que ce soit bien ».
Pour rappel ce Monsieur a été un des premiers en France,
à remonter la limitation de vitesse sur ces routes à 90km/h.
Personnellement, je n’ai jamais vu un arbre se jeter sur une voiture, le contraire oui.
Après les arbres si un véhicule rentre dans un mur, faudra t’il démolir tous les murs...
Pourtant le ministère de l’intérieur constate :
« Baisse de la mortalité des automobilistes et des usagers de deux-roues motorisés ;
hausse préoccupante de la mortalité des cyclistes
et des utilisateurs d’engins de déplacements personnels motorisés ».
« La vitesse excessive ou inadaptée et l’alcool restent les deux premiers facteurs enregistrés
par les forces de l’ordre (respectivement pour 28 % et 23 % des présumés responsables).
Les stupéfiants et l’inattention sont mentionnés pour 13 % des présumés responsables,
les malaises pour 10 % des présumés responsables
et les refus de priorité pour 9 % des présumés responsables.
Globalement, le non-respect des règles de circulation hors vitesse
(refus de priorité, dépassement dangereux, contresens, changement de file, non-respect des distances de sécurité)
sont citées chez 22 % des présumés responsables d’accidents mortels ».
Rien sur les arbres.
Pour résumer :
Soit cet élu veut se faire un nom,
en attaquant les arbres, au moment où tous ces collègues se battent à coup de plantations,
c’est idiot mais pourquoi pas ? ;
Soit il est inculte, ce que je doute,
mais qui sait..., pour nier le rôle des arbres,
surtout aujourd’hui avec le réchauffement climatique ;
Soit il s’agit d’une manœuvre financière,
pour faire des économies,
économie de frais de gestion de ces arbres,
économie de temps pour passer le gyrobroyeur...
ce serait pervers...
Toujours est-il que cette décision fait l’unanimité contre elle,
le monde associatif dans son ensemble la critique et la rejette.
Les ministères de l’environnement et de l’intérieur sont au abonnés absents...
4000 arbres abattus pour le bon plaisir d’un élu,
c’est un écocide non !
Quand nos politiques comprendront-ils
qu’un arbre centenaire n’a pas la même valeur, ni la même fonction,
qu’un arbre planté aujourd’hui ?
Francis Hallé, le célèbre botaniste, biologiste, dendrologue français,
répondait à une question du journal « le Midi Libre » sur la gestion de l’arbre en ville.
« Replanter 10 jeunes arbres, au lieu d’un vieux est une triple arnaque.
Un pan du patrimoine disparait ainsi que la faune et la flore associées.
Un vieil arbre ne coute rien, alors que les 10 c’est nous qui les payons.
La pire arnaque est écologique :
Il faut 25 ans pour que la surface cumulée des 10 arbres atteigne la taille du vieil arbre ».
Quand arrêtera -t’on d’avoir une simple vision quantitative ? ,
il serait plus intelligent de s'occuper des arbres existants.
Forêts Miyawaki :
Ce type de plantation mis au point au Japon dans les années 1970
par le botaniste Akira Miyawaki,
qui a donné son nom à cette méthode,
permettrait de reconstituer en trois ans un écosystème forestier autonome
en plantant majoritairement des jeunes plants d’espèces locales de manière très serré,
plus de trois par mètre carré, permettant d’obtenir une canopée en seulement vingt ans.
Certaines municipalités ont trouvé dans cette méthode
une solution pour « renaturer » les villes
offrant un habitat naturel à la biodiversité mis à mal en centre urbain et à fixer le carbone.
Les "bobos" ont adoré.
Les premiers retours d’expériences montre néanmoins une mortalité très importante la première année
due à un manque d’eau et aux invasions de plantes indésirables,
il est donc impératif de prévoir un entretien durant les trois premières années.
L’association Boomforest évalue ce type de plantation à 30 euros le mètre carré
soit 300 euros les cent mètres carrés, ce qui est certes assez élevé mais qui est compensé
par le fait que théoriquement, elle ne nécessite que trois ans d’entretien…
Les projets se sont multipliés,
Paris, Sorinières près de Nantes, Bordeaux, Mulhouse, Toulouse, Albi, Nîmes
et même Cahors sur une parcelle loin du centre-ville, en bordure du Lot, confiée à une association,
où il faut le reconnaitre il ne s’agit là qu’alibi écologique de la part de la municipalité…
Néanmoins de très nombreux scientifiques et l’INRAE
incitent à la prudence et sont sceptiques quant au devenir de ces plantations
estimant « qu’elles ne sont pas vraiment des forêts ».
Serge Muller, professeur au Muséum National d’Histoire Naturelle
dans une publication du 16 mars 2021 suggère :
« Plutôt que le nombre d’arbres, qui va forcément évoluer, ne serait-il pas plus juste de comptabiliser
les mètres carrés boisés par cette méthode ?
L’objectif de planter 170 000 arbres à Paris avec la méthode « Miyawaki »,
fait-il remarquer, reviendrait à végétaliser 5 hectares…
soit l’équivalent de 5 terrains de foot pour une superficie totale de la capitale de 10 500 hectares. »
Anciennement ce type de plantation entrait de ce que l’on appelait le « préverdissement »
mais n’était pas comptabilisé comme des plantations d’arbres, tout change !
Paroles, Paroles….
La Renaturation :
Depuis quelques mois de nombreuses municipalités bruissent autour du mot « renaturation »
qu’elles servent à toutes les sauces et sur tous les tons.
Apparemment la sauvegarde de la planète en dépend…
Mais c’est quoi la renaturation ?
Ce terme désigne les processus naturels
par lesquels la nature se réinstalle spontanément en ville,
dans des sites, des milieux dégradés ou ayant subits des perturbations écologiques.
Il s’agit de désimperméabiliser, de réparer
ou de restaurer le bon état écologique des sols
et des lieux à travers des opérations d’aménagements,
de gestions et de sensibilisation des usagers.
La démarche est plaisante,
mais nécessite de bonnes connaissances naturalistes afin de réinstaller un écosystème.
Néanmoins, dans la bouche de nos élus,
le terme renaturation est pour la plus part du temps un argument électoral
qui se résume à des plantations d’arbres, jeunes de préférence,
ou plus encore à des projets de reforestations qui restent bien souvent à l’état d’effet d’annonces,
comme les projets parisiens de végétalisation du parvis de la gare de Lyon ou des abords de l’Opéra à Paris.
Une vraie renaturation passerait d’abord par une dépollution ou décontamination des sols,
par une destruction des éléments artificiels pour redonner au site son aspect initial …,
par une reconstitution d’une végétation et d’une hydrographie plus naturelle
mais aussi par une reconnexion avec son environnement.
En région parisienne, l’agence régionale de la biodiversité
à créer un outil baptisé « Regreen » qui cartographie en rouges, les zones qui ont besoin de « respirer ».
On m’a présenté dernièrement, lors d’une de mes formations
en intra, pour Chaumont sur Loire, dans une collectivité de région parisienne,
une plantation « d’indigénas » au grand désespoir des jardiniers présents, qui en avait honte.
Devant mon questionnement la jeune technicienne s’est étonnée de mon ignorance
et m’a expliquée que dans le cadre de la renaturation du quartier
c’étaient des plantes indigènes qui poussaient simplement.
Juste une précision nous étions dans le département de Seine Saint Denis, proche du stade de France,
dans un nouveau quartier à forte urbanisation de type résidentiel avec accession à la propriété, avec de la terre rapportée….
Et la « renaturation » occupait le centre de la résidence sur à peu près 300 m²
et se terminait par une aire de jeux pour enfants.
Sans être devin, au prix de m²,
je pense que les heureux propriétaires ne s’attendaient pas à bénéficier « d’indigénas » sous leurs fenêtres…
Pour beaucoup d’élus,
la renaturation passe le plus souvent par des semis champêtres,
composés de mélanges standards du commerce.
Plusieurs entreprises occupent ce créneau porteur à fort développement.
L’une d’elle peut-être la plus connue propose un catalogue que je considère comme l’un des plus beaux et des plus complets. Ici on peut choisir son mélange en fonction de différents paramètres :
Plantes annuelles, ou vivaces ou mixte, ombre, mi-ombre ou soleil, plantes mellifères ou pas,
mélange bas, moyen ou haut, quel type de sol…, quel coloris…avec arrosage ou non.
Les questions sont multiples et variées,
il nous reste juste à choisir notre mélange.
Pourtant il en manque juste quelques questions que je trouve indispensables :
Qu’est-ce qui pousse à l’état spontané chez vous ?
Quel est votre flore ?
Avez-vous effectué un inventaire floristique ?
Comment renaturer sans avoir les réponses à ces questions ?
Il existe en revanche, deux ou trois entreprises
qui avant de vous proposer un mélange se déplacent,
regardent ce qui pousse chez vous et aux alentours
et vous propose enfin un mélange de plantes adaptées à votre territoire.
Ilots de chaleur :
De nombreux élus de villes ou de villages
ont pour objectif de laisser leurs noms dans l’histoire de leurs cités
en construisant ici un bâtiment emblématique,
là un aménagement urbain, une place, une rue,
ou un escalier comme dans mon village…
Les architectes et urbanistes sont alors au travail,
la mode actuelle est de créer des « places à l’italienne »,
grande esplanade vide, modulable pour pouvoir accueillir différentes manifestations.
Sur le papier l’objectif est atteint,
mais c’est sans compter sur le réchauffement climatique
qui transforme ces réalisations, parfois anciennes,
en ilot de chaleur, impraticables et donc désertées en été.
Un ilot de chaleur se caractérise par
une élévation localisée des températures diurnes et nocturnes par rapport aux températures moyennes,
dues à un phénomène physique appelé dôme thermique, créant une sorte de microclimat urbain.
Ce dôme thermique s’explique par le fait que le bâti et les sols imperméables
absorbent l’énergie solaire qui est restituée ensuite la nuit sous forme d’infrarouge.
L’eau, les plantations, les arbres, les squares et les parcs et jardins
par leur respiration constituent à l'opposés des zones de fraicheur.
Une étude publiée, dans la revue « The Lancet », le 1 février 2023,
découvre ce que tous les jardiniers savaient depuis longtemps :
A savoir que les arbres avaient un effet bénéfique sur les ilots de chaleur,
et pourraient contribuer à réduire d’un tiers la mortalité
(5000 personnes en France en 2023, d’après Santé publique France) liée aux canicules urbaines.
Pour cela la couverture devrait atteindre 30% minimum contre 14.9% en moyenne aujourd’hui.
De très nombreuses villes ont ou effectuent un inventaire des ilots de chaleur sur l’ensemble de leur cité.
Les données récoltées vont leur permettre
de mieux comprendre le phénomène des îlots de chaleur, d’essayer de les résorber quand cela est possible,
(effectuer des plantations, créer des points de fraicheur…)
mais surtout d’en tenir compte lors de leurs futurs aménagements.
Végétaliser les villes, planter des arbres, diminuer les surfaces imperméables,
multiplier les points d’eau fontaines, bassins…
sont les meilleures solutions pour diminuer les îlots de chaleur sur une cité
Pour le politique, si fier de sa réalisation, c’est un échec, une erreur de conception
qu’il a dans le meilleur des cas hérité ou validé, erreur qu’il doit très vite réparer.
Plusieurs solutions s’offre alors à lui :
Installer des bacs ou de grands pots afin de rafraichir la place à meilleur coût,
néanmoins bacs et pots ne seront jamais intégrés,
cerise sur le gâteau, ils nécessitent des heures d’arrosage.
(Albi place du Vigan, Colmar place Rapp, Toulouse place du Capitole…)
Clermont Ferrand, Place de Jaude, au dessus du parking
Créer et installer pour un temps plus ou moins long un jardin éphémère,
certaines collectivités vont jusqu’à 4 à 6 mois.
Mais là aussi il faudra compter avec des heures de création,
d’entretien et d’arrosage et même parfois de gardiennage…
Actuellement, très tendance les jardins éphémères
habillent de très nombreuses places et esplanades à travers la France,
néanmoins peu sont intéressants du fait de leur conception et de leur efficacité à réduire l’ilot de chaleur,
la plus part ne sont qu’une concentration de caisses en bois avec quelques plantations.
Toutefois en termes d’image, là les retours sont positifs,
néanmoins certains sont très beaux et bien conçus
( Metz place de la Comédie, Clermont Ferrand Place de Jaude,)
d’ailleurs tous ne sont pas réalisés en été pour des économiser les heures d’arrosage
(Nancy place Stanislas, un des plus beaux et des plus attendus chaque année en octobre,
Chalons en Champagne au printemps…).
Installer ou poser un ou plusieurs éléments ou installation procurant de l’ombre type mobilier ombrière,
ilot de fraicheur, ou apporter de l’ombre de manière éphémère le temps d’un été :
Parapluies, toiles, rubans tendus sur filins…
(Toulouse place du Capitole, ombrière Cahors, place François Mitterrand, Strasbourg ilot de fraicheur place Kléber,
Bordeaux , Marseilles, Paris, .
Cahors ombrière Place Mitterrand
Enfin la solution radicale est de réintervenir
et de planter en pleine terre les arbres qui auraient dû s’y trouver,
parfois, il faut tout casser, créer des fosses de plantation, amener de l’eau s’il n’y en a pas,
remplacer le revêtement détruit, les dalles…
au total la facture est lourde, voire très lourde.
De plus cette opération ne peut intervenir qu’en début de mandat pour des raisons électorales…
(La nouvelle municipalité élue en 2020 à Bordeaux a planté 13 arbres (Mélias Azedarach)
sur la place Pley-Berland, place qui avait été aménagé de manière minérale en 2004,
(8 aux abords de la cathédrale et 5 place Rohan).
Le budget annoncé varie suivant les sources de 239 000 € à 280 000 €, soit 20 000 ou 18 390 € l’arbre…
montant très élevé, dus aux travaux induits, remplacement des dalles).
Végétalisation des cours d’école
Depuis quelques années,
nos cours d’écoles traditionnelles recouvertes d’asphalte noir plantées de quelques tilleuls ou marronniers,
s’ensauvages à l’image des aménagements réalisés chez nos voisins d’Europe du Nord.
Il a fallu le réchauffement climatique et l’augmentation des températures
pour qu’en France on se saisissent de ce problème, et que certaines villes réagissent :
Paris, Lille, Strasbourg, Chambéry, Lyon, Grenoble…
2017, la ville de Paris a été une des premières villes de France,
à penser différemment l’aménagement des cours d’école,
avec son « Projet Oasis » issus de la « stratégie de résilience »,
visant à adapter la ville aux grands défis climatiques du XXIe siècle.
L’objectif souhaité était de créer des nouveaux lieux de vie
avec des espaces rafraichis, partagés par tous, plus ludique, plus agréable à vivre.
Il est à noter que le projet a susciter une levée de boucliers du corps enseignant hostile.
Au début, personne ne voulait participer…
Les cours d’écoles représentent pour la ville de Paris une superficie de plus de 70 ha,
véritables ilots de chaleur car majoritairement asphaltés réparties sur l’ensemble des arrondissements,
qui comme 99% des cours d’écoles en France sont fermées au public les week-ends et durant les vacances scolaires.
Le projet « Oasis », prévoit une refonte totale des cours d’écoles,
pensées comme des ilots de fraicheur au cœur des quartier,
ces espaces, véritable « terrains d’aventures », seront ouvert à la population en dehors des périodes scolaires.
Ils proposent d’avantage de végétation,
des sols perméables de différentes textures,
des points d’eau, une meilleure utilisation et répartition de l’espace avec des coins calmes plus naturels,
des aménagements plus ludiques moins genrés avec un terrain multisports intégrés et ouvert à tous.
Date de dernière mise à jour : 2025-08-26
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