JARDINS MÉDIÉVAUX
Le jardin médiéval
Pour certains les jardins du Moyen age
évoquent une certaine nostalgie du paradis perdu :
Le jardin d’Eden, dans sa représentation médiévale
apparaît comme un espace sacré circulaire,
le cercle révèle le divin, le céleste
alors que le carré exprime le terrestre,
le carré s’intègre parfaitement dans la symbolique médiévale
liée aux, nombres ,
les 4 éléments, les 4 fleuves du paradis, les 4 évangiles, les 4 saisons…
Le 4 ou le carré, est le symbole de perfection au Moyen Age,
il sert donc de base à la réalisation des jardins.
Inspiré de l’ « Hortus Conclusus ».
ces jardins devaient surtout et avant tout,
être des jardins utilitaires,
procurant nourriture, vêtements,
médecines avant d’être lié aux plaisirs,
le Moyen Age ne faisait semble t il
pas de distinction entre l’utile et l’agréable .
Durant la longue période qu’a duré le Moyen Age,
10 siècle,les jardins ont profondément évolués,
de l’hortus castral, jardin du château,
à l’hortus déliciarum , jardin des délices,
prélude aux jardins de la renaissance ,
en passant par les jardins monastiques,
tous ses jardins ont garder certaines particularités spécifiques
aux jardins moyenâgeux .
Hortus Castral
Avant tout lieu défensif ou la moindre place est comptée.
Le château féodal laisse peu d’espace pour le jardin.
La priorité est donc donnée à l’hortulus ,
jardin fermé situé dans une des cours de la forteresse,
jardin d ‘herbes utilisées quotidiennement dans la cuisine.
Seul quelques grands domaines disposant d’une place plus importante
peuvent se permettre de posséder un herbularius
où sont cultivé les plantes médicinales.
Les cultures s’étendaient généralement
au de las des remparts avec les champs de céréales.
Hortus Monastique
Ce type de jardin fait parti intégrante
de la vie spirituelle de ces occupants,
tous les jardins monastiques d’Europe
sont basés sur le fameux plan
dit de « l’abbaye de St Gall ».
Rédigé vers l’an 806, par Théodore de Trace.
PLAN DE L'ABBAYE DE SAINT GALL, SUISSE
Le plan de Saint Gall ,
dessiné sur 5 peaux de parchemins cousues
est le plus grand manuscrit connu de cette époque,
1.12m sur 0.77 m.
Il représente le modèle idéal qui servit de base
à l’organisation de nombreux monastères bénédictins
à travers l’Europe .
Pour la premières fois les différents types de jardins sont identifiés
et répertoriés .Ils sont répartis en plusieurs endroits en fonction
de la spécification et de la fonctionnalité des bâtiments :
tout prés du logis du moine médecin,
l’herbularium ou jardin des simples se situe prés de l’infirmerie
il est , constitué de rectangles bordés de planches
où sont cultivées les plantes médicinales,
aromatiques et condimentaires.
Nous retrouvons dans ces jardins
49 plantes citées dans la « Capitulaire de Vilis
Chaque ensemble de bâtiments
comportait un cloître plus ou moins grand
mais toujours divisé en 4 parties avec un point central orné
d’une fontaine ,d’un puit ,
d’ une statue ou d’un arbre , arbre de vie
en mémoire à l’arbre sacré du paradis,
arbre de la connaissance du bien et du mal
Une partie de ce jardin, l’Hortus, a été reconstitué
il y a quelques années sur les rives du lac de Constance
à l’abbaye de Reichenau, en Allemagne toute proche.
ABBAYE DE REICHENAU, ALLEMAGNE
l’hortus ,le ménagier ou potager ,
plus grand que l’herbularius,
, est constitué de 2 rangées de 9 plates bandes rectangulaires
où sont cultivés les légumes nécessaires à l’alimentation
des moines et se trouve naturellement prés des cuisines.
Derrière l’église, le verger - cimetière où les tombes des moines
sont alignés entre les arbres fruitiers .
Hortus Deliciarum
LUNETTA DE UTENS
Le temps passe , les mentalités changent et évoluent
sous l’influence des chevaliers revenus des croisades
avec dans la tête le souvenir des fabuleux jardins d’orient
ornés de plantes aux couleurs chatoyantes et aux parfums envoûtants,
ouverts sur la campagne environnante
permettent la création de jardins
les domaines plus grands , plus vastes,
très librement inspirés du « Roman de la Rose »
l’hortus déliciarum, ou jardin des délices,
expression de l’amour de Dieu pour l’homme ,
jardin du plaisir terrestre où fleurit l’amour courtois
dans une abondance de fleurs ,
propice à la promenade, au repos et à la lecture.
L’évolution est perceptible :
la clôture se fait plus fine, plus discrète, plus travaillé,
la fontaine centrale paraît plus riche, plus raffinée,
le jardin se pare de pergolas, volières, viviers, jeux d’eau,
et même d’automates,
ouvrant ainsi la porte aux jardins renaissances,
le verger planté d’arbres fruitiers d’essences variées
et de fleurs devient lieu de promenade
alliant l’utile et l’agréable, le beau et le bon.
Particularités d’un jardin médiéval
Un certains nombre de paramètres communs
se retrouvent dans ces trois types de jardins
qui ont évolué au court du « long » Moyen Age :
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CLOTURES & PLESSIS
« Celui qui ne pose pas de clôture, sème pour rien ».
le jardin médiéval est généralement closde forme carré ou rectangulaire .
Cette clôture est :
Soit végétale, composée de haies vives, épaisses étêtées,
( églantiers, cognassiers, pruniers, poiriers )
soit tressées ou entrelacées ( noisetier, saules)
CAHORS HORTUS DES DAMES
ou encore de bois sec
composées de branchages assemblées ,
de pieux et de fagots
ou de murets de pierres sèches
dans les régions où la pierre abonde .
A l’intérieur de la clôture
l’espace est délimité en carrés ou en rectangle de terre cultivées
« les aires » entourés d’allées ou de petits canaux d’irrigation.
Les plantations sont réalisées sur ces plates bandes surélevées
de planches, d’arceaux, de pierres,
de plessis tressés de châtaigniers, de saules, ou de noisetiers.
PLESSIS CAHORS
Les plantations peuvent être également bordées
par d’autres végétaux taillés en haies basses,
buis, fusains, santoline, armoise, lavande….
ILE DE MAINAU ALLEMAGNE
CLOITRE DE PARAY LE MONIAL
Les murs de la clôture sont utilisés comme support
pour les plantes grimpantes
ou pour des arbres fruitiers palissés
CHATEAU DE LOCHES
CHATEAU DE CHALUS
L’EAU :
CHATEAU DE CHALUS
Elément le plus important de la création l’eau,
source de toute existence, est présente dans la plupart des jardins.
JARDIN DES 5 SENS YVOIRE
Protectrice dans les douves des châteaux,
elle devient vitale et indispensable dans la vie de tous les jours.
Jaillissante dans les jardins, elle représente la vie,
la clarté, la pureté, la purification,
en opposition aux eaux dormantes du péché.
QUIMPER
Le centre des jardins, lieu de rendez vous et de vie,
est le plus souvent occupé par une fontaine
ou un bassin de forme octogonale,
symbole de la résurrection d’où jaillissent quatre jets
en référence aux 4 fleuves du paradis:
L’Euphrate, le Psichon ,le Guidon et l’Hiddékel
coulant en direction des 4 points cardinaux.
LES ALLEES :
Les allées sont toujours rectilignes,
elles peuvent être simplement engazonnées
PRIEURE D'ORSAN
QUIMPER
ou recouvertes de sable, de gravier,
de pierres plates, de bois
ou parfois de coquillages concassés
en fonction des régions.
PRIEURE D'ORSAN
Allées de pavés de bois
ARDOISE A Quimper
LES PREAUX :
Les « banquettes ou préaux » ou petit prés
sont des structures de bois , pierres, ou briques remplies de terre
PRIEURE D'ORSAN
et tapissées de plaques d’herbe prélevées
en mottes dans les prés ou les prairie
, se couvrant de fleurs sauvages
(violettes, pensées, crocus, jacinthe, marguerite, pervenches).
Ce sont ces plantations qui ont inspiré les artistes du moyen age
dans la conception des célèbres tapisseries dites aux mille fleurs
Ces bancs carrés ou rectangulaires sont très présents
dans les enluminures,
on s’y installait pour lire, broder, ou même pour conter fleurette….
Les Références botaniques :
Les plantations se composent bien souvent de:
plantes aromatiques, médicinales, légumes, plantes à pot,
il n’y a pas ou peu de fleurs,
seules la rose, le lys, la violette, l’ancolies
et quelques autres trouvent grâce .
Le Capitulaire de Vilis .
SIGNATURE DE CHARLEMAGNE
Promulgué vers l’an 795 par l’empereur Charlemagne,
mais rédigé vraisemblablement par un de ses scribes Alcuin ,
le « Capitulaire de Vilis, est une ordonnance
qui présente et décrit 88 plantes,
recommandées dans la vie de tous les jours
pour se soigner, se nourrir, se vêtir et même travailler.
Ces plantes : Médicinales, aromatiques, légumes,
fruits, textiles, tinctoriales…,
permettant de vivre en autarcie,
doivent être cultivées dans les maisons royales,
abbayes, monastères , hôpitaux, maladreries et léproseries.
Walafried Strabo , dit Strabon, moine de l’abbaye de Reichenau
prés de Constance en Allemagne
décrit en 842, sous forme de poème ,
dans le « Liber de cultura hortorum »,
26 plantes cultivées dans les monastères.
Plus tard Hildegarde,
abbesse bénédictine de Bingen
dans le « physica » ou « Liber subtilatum » ,
livre des subtilités ,
nous donne des informations sur plus de 300 végétaux.
Ces plantes regroupaient toutes les catégories :
Médicinales ou Simples avec la sauge, la camomille, la rue…
Légumes , avec le panais, le chou , le poireau,
la bourrache, l’arroche, l’ortie, le souci, la fève ….
Aromatiques et épices ,
avec le cumin, l’aneth, l’armoise, le coriandre,
mais aussi le safran déjà cultivé dans le Lot ….
Utilitaires
comme le lin, le chanvre, l’ortie à nouveau pour le tissus,
mais aussi la cardère pour carder la laine,
la garance, le pastel, le souci, pour les teintures…
Boissons ,
vigne bien sûre mais aussi houblon, orge…
Fruits,
le pommier arbre mythique du moyen age
mais aussi le poirier, le cerisier, le sureau, ….
Date de dernière mise à jour : 2024-07-22
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